Si l'on tente de faire un historique de l'entrainement des techniques de combats aux mannequins de bois, il apparait qu'un dispositif de formation en bois était utilisé par les forces militaires depuis des temps immémoriaux.
Sima Qian (145 av J-C - 86 av J-C) est un historien antique chinois qui fut le premier a avoir tenté de retracer l'évolution historique de la Chine depuis sa création. Tous les historiens impériaux chinois se sont par la suite inspirés de son œuvre, le Shiji (l'oeuvre en 130 volumes écrite en une vingtaine d'années).
Dans cet ouvrage, il y mentionne que l'empereur Wu Yi de la dynastie Shang (vers 1200 av J-C) fut fabriquer un "Ou Ren" ou figure humaine en bois qui pourrait être utilisé pour le Shou Bo (combat) pratiqué à mains nues. Il y précise que l'utilisation de mannequin de bois pourrait remonter à près de 3000 ans (-1000 avant J-C).
Les premières références de l'utilisation du WD pour les arts martiaux datent du temple Shaolin. La légende mentionne que les disciples devaient progresser à travers une allée de mannequins de bois (sous une forme différente de celle que l'on connait actuellement) en combattant chacun d'eux pour prouver leurs valeurs et leurs niveaux techniques. Certains étaient munis de mécanismes ou pouvaient être manipulés par des moines dissimulés derrière eux.
Il s'agissait notamment d'une des épreuves finales à la validation de la formation des disciples au sein du temple. Cette allée n'a jamais été retrouvé mais a marqué l'imaginaire car elle est régulièrement représentée dans les films et dessins animés de kung fu.
Cependant, il existe des traces et même des photos de mannequins d'entrainement assez sommaires, qui étaient de simples poteaux de bois dressés verticalement, enfoncés dans le sol, sans bras ni jambe.
Ces derniers siècles, le mannequin de bois est devenu une caractéristique de la culture populaire chinoise méridionale. Une grande partie de ces traditions a été transmise à travers des romans, des histoires, des spectacles de rue, et bien sûr à travers l'opéra. Les troupes d'opéra Cantonais attiraient de grandes foules avec des prouesses martiales et des "spectacles" militaires. L'Opéra Museum Cantonais à Foshan présente même un mannequin antique aux côtés d'autres objets industriels du 19ème siècle.
D'une manière générale, il n'existe que peu d'exemples de très vieux mannequins de bois car pendant longtemps ils existèrent plantés dans le sol en extérieur, et compte tenu du climat humide du sud de la chine ils finissaient par pourrir.
Sont apparus par la suite des mannequins avec des bras et des jambes que les pratiquants créaient en fonction des besoins de leur style et de leurs entraînements. Ils restaient cependant enfoncés dans le sol (Dai Jong). On les appelle parfois des mannequins « morts car totalement solidaire du sol, ils ne bougeaient que très peu et ne renvoyaient ainsi pas d'énergie. On peut en voir un exemple dans le 1er Ip Man avec Donnie Yen dans se demeure de Foshan.
Apres la 1er guerre mondiale, il y a eu un regain d’intérêt populaire pour les arts martiaux. Une partie est le résultat des efforts déployés par les réformateurs (comme l’association JingWu) pour promouvoir les styles traditionnels de combat à mains nues comme un élément important de la culture populaire chinoise. De plus, la croissance de l’économie et la transformation des structures traditionnelles d’enseignement, ont permis aux arts martiaux de pénétrer les classes moyennes et les zones urbaines où ils étaient traditionnellement mal vu.
Ainsi de plus en plus de mannequins ont été produit. La plus part de ces mannequins était de type Dai Jong
Il est à noter que les premiers mannequins incluant des bras et se rapprochant de l’aspect actuel proposent un décalage important dans la hauteur des deux bras du haut, et propose une petite jambe, contrairement aux bras de hauteur plutôt semblable le plus souvent associés à la lignée Ip Man.
L’aspect du mannequin de bois va évoluer au milieu des années 50 à l’initiative de Ip Man.
L’une des meilleures sources d’informations sur le développement des mannequins modernes concernant le wing chun provient du livre de Ip Ching et Ron Heimberger en 2004 sous le titre Mook Yan Jong Sum Fat.
Ayant quitté les campagnes de Foshan pour s’installer à Hong Kong, les conditions d’enseignements changèrent radicalement. La vie à Hong Kong est très différente de celle de Foshan, les gens vivent principalement dans des immeubles plutôt que des maisons de plein pied, et les extérieurs sont beaucoup plus limités.
Ainsi au milieu des années 50, Ip man a approché un charpentier et ami du nom de Fung Shek lui demandant de réfléchir à la réalisation d’un mannequin d’intérieur et démontable car il changeait régulièrement de salle.
Plutôt que d’appuyer le mannequin à sa base (la méthode traditionnelle), il l’accroche sur des lattes de bois qui passent directement à travers le corps du mannequin et agissent comme des ressorts qui restituent une partie de l’énergie transmise au mannequin, la sensation en fut profondément modifiée par rapport à un mannequin « mort ».
Fung Shek a livré son prototype à Ip Man en 1956, et aurait fabriqué un mannequin pour Bruce Lee en 1960, année où il arrêta de prendre des commandes. Selon Ip Ching, seulement 10 à 12 mannequins de ce type furent fabriqués pendant cette période. Fung Shek considérait que les pratiquants à cette époque étaient essentiellement de mauvais garçons et ne voulait plus légitimer un apprentissage du wing chun dans ce but.
Par la suite Ip Man se retrouva à enseigner dans le sous-sol d’un restaurant de l’un de ses amis (Ho Leun) qui avait toujours voulu apprendre la wing chun. Ip man eu la surprise de trouver alors un mannequin de bois sur le principe de celui de Fung Shek déjà installé. Ho Leun développa un peu plus le mannequin et remplaça les lattes de bois par des ressorts fixés au mur. Il fabriqua ainsi des mannequins de 1969 à 1973 avant de migrer au Canada.
Suite à un autre déménagement Ip man et son fils accueillirent un élève du nom de Koo Sang qui pu pratiquer sur le mannequin de Funk Shek. Koo Sang va devenir un personnage important dans l’histoire du wing chun moderne. Il décida de commercialiser à plus grande échelle les mannequins de bois de Funk Shek. Il en produit un grand nombre sur plusieurs décennies et ne pris sa retraite que dans les années 1990.
Par la suite d’autres entreprises se sont emparées du marcher et ont proposé le modèle « free standing », c’est-à-dire un mannequin sur socle qui peut être facilement transportable, que l’on a pas besoin de fixer au mur et qui en fonction de la conception de ce socle bouge dans les différents directions à l’instar des mannequins sur traverses. Ils prennent également moins de place et permettent de se déplacement plus librement autour du mannequin
Sources principales : www.chinesemartialstudies.com article : The Story of Ip Man’s Wooden Dummy
http://www.thesnowtiger.com article : Attack of Wooden Dummy.
Sources annexes : au grès d'autres articles trouvés sur le web...